« Fâchez-vous, c’est le temps ! ».
« Fatigue chronique », genèse d’un projet
Janvier 2017, Trump est élu à la tête des États-Unis. Un choc pour Elisabeth Massicolli qui sent déjà le climat politique s’alourdir. Neuf jours plus tard, une mosquée de la ville de Québec est touchée par le terrorisme. C’est un énième attentat. Une attaque de plus. Celle de trop, qui donne définitivement la nausée à cette féministe, journaliste au Elle Québec. Révoltée, elle cherche à agir, à prendre la parole… Ou plutôt à la donner. Car si l’écriture est ce qu’elle sait faire de mieux, elle a aussi conscience d’être privilégiée – parce que blanche, parce que journaliste, parce qu’hétérosexuelle – et qu’il lui faut tendre la plume à celles que l’on n’entend jamais. C’est sur les réseaux sociaux qu’elle lance un appel à contributions.
« Se battre » et exister
Très vite, 500 personnes se montrent intéressées par le projet et les réponses pleuvent. 150 en moins de deux semaines. Des textes, des poèmes, mais aussi des illustrations. Autant de témoignages en colère sur la misogynie ambiante, l’homophobie, la transphobie qui tue, la xénophobie. Épaulée par son amie Théo Dupuis-Carbonneau, Elisabeth Massicolli lit tout, avec un objectif clair en tête : donner de la visibilité à un maximum de femmes issues des minorités et leur offrir une tribune libre pour exprimer leurs souffrances, sans filtre. Elle retient finalement 50 propositions. 50 voix de femmes venues de tous les horizons.
« Éveil » et passage de relais
Au terme de six mois de travail bénévole, Nos plumes comme des armes/Our words as weapons voit le jour. Sur le papier, on découvre un beau patchwork de mots anglais et français, d’illustrations au feutre, au pastel et à l’aquarelle. À leur lecture, on oublie cependant les rimes et le rythme des phrases pour se laisser saisir par leur émotion. Stylo au poing, ces 50 contributrices semblent nous crier : « Haut les mains, c’est un hold-up ! ». Un hold-up de phrases, de mots, d’espaces d’expression. Ces poèmes s’avèrent des boulets de canon qui explosent nos certitudes et nous forcent à réfléchir sur la place et la condition des femmes. Le pari d’Elisabeth Massicolli est gagné.
À elle qui conclut l’ouvrage en remerciant « toutes celles et ceux qui se battent, avec des mots ou autrement, pour faire de notre monde un endroit plus juste et beau », c’est nous qui avons envie de dire merci. Pour le moment. Pour l’émotion. Pour les femmes. Pour l’humanité.
Retrouvez Nos plumes comme des armes/Our words as weapons sur Facebook et découvrez les poèmes cités ainsi que l’ensemble du recueil en commandant en ligne.