DDB et VW convoquent Raymond Devos pour parler de rien. Et ce n'est pas rien.
À quoi reconnaît-on une bonne copie de rédac ? Il y a trois critères qui ne trompent pas. En tout premier, il y a bien sûr l’intelligence du propos. Le planning stratégique. Il y a ensuite le savoir-faire du professionnel. Le maniement de la langue, le choix des mots. Mais sans le troisième ingrédient, les deux premiers ne sont rien.
L’ingrédient indispensable qui sublime le fond et la forme n’est pas un livrable. Il est invisible. C’est la jubilation. Celle qu’a ressentie toute l’équipe au début de l’idée. Celle qui a parcouru l’échine du rédac et mis des fourmis dans ses doigts lorsqu’il couraient sur le clavier. Celle qui se communique au lecteur, au spectateur quand il se dit « Putain, c’est bon. » Seule la jubilation crée ce sourire, cette complicité, cette adhésion.
Alors oui, Benoît Oulhen (le rédac) a du bien jubiler. En l’imaginant en train d’écrire alors que la campagne est maintenant sortie, on a la même sensation qu’à la fin d’un bon film. On voudrait que ça n’ait pas commencé. On voudrait ne pas savoir. On voudrait être à sa place. On voudrait pouvoir ouvrir le dictionnaire à « Rien » et prendre des notes. Taper « Rien » sur Google et se laisser porter. Revoir Raymond Devos. Puis prendre le masque de script DDB et écrire cette voix off. La sortir d’un jet. Déjà bien. La retoucher une fois. Là. Et ici aussi. Couper. Réorganiser. Changer le début. La tailler précieusement pour arriver à ce résultat. Jubiler tellement en se relisant. Et avoir cette idée pour y retourner : vendre à l’agence et au client un teaser du film en presse ! Reprendre ses notes pour écrire sa body. La sortir d’un jet. Déjà bien. La retoucher…
Finalement ce métier, ce n’est pas grand chose. Quelques mots. Presque rien. Mais ça suffit parfois à provoquer beaucoup.