Depuis 2014, Benjamin Sanial réécrit les briefs, les brains et les PPM. Cut. Flashback. Benjamin devant sa télé. Le film passe. Son cerveau trépasse. Cut. Benjamin devant son clavier. Ses idées filent. Ses doigts courent. Cut. Benjamin refait les pitchs. Attention. Uniquement ceux des films. Et uniquement des marques de luxe. Cut. Il est comme ça, Benjamin. Et comme plus on est de fous, plus on rit, il a décidé de les partager avec la République des Rédacs. Coupez ! Non, non ! Ne coupez surtout pas.

— Bon les gars, si je vous dis : boules, sapins, cadeaux, et si j’ajoute : lutins et guirlandes, vous me dites ?

— Kanye West ?

— Presque.

— No-ël.

— Bravo les gars, et si j’ajoute encore : Chacha, pluie, soleil, touch the rain, gold, vous me dites ?

— Di-or, j’a-dore.

— Les gars, votre professionnalisme m’inquiètera toujours. Mais je dois bien reconnaître que vous avez raison. Et on va faire un autre test, si je vous dis : nommez-moi trois ministres actuellement en place au gouvernement vous me dites ?

— D’aller voir sur Wikipédia.

— Voilà j’ai ma réponse. Merci. Je vais pleurer, je reviens… Non… C’est une expression Michel, je ne vais pas pleurer, ne me prends pas dans tes bras, je… Non… Lâche-moi Michel, n’essaie pas de me moucher malgré moi… Non Michel, je ne soufflerai pas… Non, Michel… Je… Bon mais vite alors… Pfffrooouuutuiiit… Voilà, oui c’est sec oui, mon nez est vide bien entendu… Ne sois pas déçu Michel, ton mouchoir en tissu est très doux, c’est pas le problème… Pfff… Gros soupir. Quelqu’un peut consoler Michel, merci, voilà, oui avec son propre mouchoir, oui, c’est du bon tissu bien épais, mi-coton/mi-sphaigne/mi mucosité-nasale-séchée-brodée… Bref, revenons à nos moutons… Vous avez bossé sur le brief Dior J’adore Absolu ?

— Absolument.

— Mon Dieu… De l’enthousiasme. (Gros bruit de déglutition se rapprochant du son de la chasse d’eau quand on essaie de la réparer soi-même mais qu’on n’est pas plombier, souvent traduit par « Glups ») Votre enthousiasme m’effraie toujours plus qu’il ne me rassure… Je ne sais pas pourquoi. Mais allons-y, lançons-nous une nouvelle fois dans les bas-fonds de vos cerveaux toujours plus incommensurablement mystérieux. Je vous écoute.

— Hummmmm (râle de plaisir sensuel – N.D.L.R). Le film commence par un long plan de femmes dans un hammam.

— Un hammam ?

— Hummmmm, oui, un hammam plein de femmes, des femmes molles, moites et molles, moult MILFS molles, mille minous moites et mous, moites et moites et Moët & Chandon peut-être même.

— Pardon de t’interrompre autant en amont de ton script, pardon pour ce coïtus interruptus de scriptus, mais je ne suis pas certain que la cible soit le puceau geek libidineux fan des Mille et Une Nuits, ici il ne s’agit pas de Shéhérazade mais bien de Chacha, notre Chacha à nous. Et si elle est censée taquiner quelques boules ce ne sont que celles des sapins de Noël, alors on souffle, on se calme, et on reprend.

— Oui pardon, je m’égare, je me suis trompé de page, j’ai confondu ma demande d’accompagnatrice lors du tournage en Ukraine avec le script, vous savez ce que c’est depuis qu’on imprime recto/verso… Je reprends.

— Oui.

— Hummmmm dans ce hammam tout est gold et volupté, tout est d’or lamé, du pédiluve jusqu’à la voute étoilée, les drapés, hummmmm même les canards dans les WC sont d’or laqués. L’encens enchanteur se fait vapeur. Et au milieu…

— Coule un bronze.

— …

— (trois petits points)

—…

— Qui a dit ça ? Si c’est une référence cinématographique ce n’est pas drôle, parce que Brad Pitt et Robert Redford c’est une Rivière qui coule au milieu, et si c’est une référence à la matière, sachez que c’est une faute de goût, le bronze est moins précieux que l’or. Et troisièmement Chacha est une princesse et c’est bien connu les princesses ne se coulent jamais dans le bronze, mais roulent sur l’or (sans) fin. Continue s’il te plait…

— Hummmmm et au milieu, donc, Chacha trempe, Chacha infuse tel un sachet de thé à la menthe religieuse. Mais Chacha ne nous regarde pas, Chacha mire vers le bas, Chacha est le bouillon Knorr de nos désir enfouis, Chacha, et c’est là sa supériorité, ne s’abaissera jamais à nous regarder. Chacha mire l’or dans lequel Chacha erre.

— Ce serait bien qu’elle nous regarde non ? Peut-être me mets-je un peu trop à la place du client, mais les tests l’ont prouvé par le passé, créer un eye contact avec Chacha accroit de 26 % le désir de lui ressembler olfactivement.

— Hummmmm OK, donc Chacha nous regarde droit dans les yeux.

— Les convictions c’est le contraire des Rolex, moins on en a plus on a de chances de réussir (Jacques S. XXe après J.-C.).

— Hummmmm Chacha est maintenant filmée du plafond, elle est en contrebas, tout là-bas en bas, tractée vers l’avant dans cette marre d’or par une force invisible, et peut-être aussi par le poids de sa généreuse poitrine qui même vue au travers de l’œil de Yann Arthus-Bertrand ne laisserait pas un Eunuque indifférent. Autour de Chacha l’or ondule, et l’histoire p(l)atine. Le téton sous-marin, le port altier, le plexus solaire, inexorablement Chacha va. Son Obao or ondoie, et de son intimité rien ne se voit.

— Les fantasmes des puceaux libidineux vous remercient. Car un fantasme a toujours été beaucoup plus vendeur qu’un téton, fusse t-il à Théron.

— Hummmmm puis Chacha dans un choix tout autre s’extrait de l’or, « La chaleur m’étouffe pense Chacha » lorsque soudain, elle s’auto contrepète, elle pense alors « Ma chouffe s’étoffe ». Hors du bain, de dos, son corps tel une amphore, Chacha se laisse mirer par nos yeux exorbités (ce qui ne veut pas dire ce que l’on croit que ça pourrait vouloir dire si l’on avait les idées mal placées, mais bien ce que l’on sait que ça veut dire). Profitant d’un thigh gap de compét’ Chacha a la chance d’être vite sèche entre ses cuisses de chasseresse. L’entrecuisse revêche de l’archiduchesse Chacha est-elle sèche ou archi sèche ? Se demande-t-on. À peine le temps de répondre à cette question que Chacha et ses copines qui lambinent se retrouvent à marcher comme on défile, fières et vêtues. C’est la fin du bain, ça fait du bien. Chacha nous chuchure alors à l’oreille « J’adore », alors que sur ses lèvres on peut lire « Dior », comme quoi c’est bien vrai alors, les femmes peuvent faire plusieurs choses à la fois. Chacha partie c’est alors le flacon qui vient prendre un bain, une goutte d’élégance dans une piscine de calor.

— Je ne sais que dire. Hummmmm Chacha d’or. Et le réalisateur il nous faut un mec qui maîtrise les brillances à l’image. Y’avait le mec qui nous avait fait le film avec l’autre courge de Patisson. Le fils du réalisateur là…

— Oui le fils de Polanski.

— C’est ça Romain Chabrol. Ça roule.

— Sur l’or.

J'adore the New Absolu - The film