Un café et un roman-photo, svp !
Bonjour Lia. Merci d’avoir accepté notre invitation. Nous suivons avec enthousiasme votre travail créatif, comme des milliers d’abonnés. Artiste, journaliste, curatrice. Pouvez-vous nous éclairer sur votre parcours éclectique ?
Pour résumer, j’ai eu la chance de grandir dans un univers artistique, mon père était artiste plasticien et ma mère danseuse. Après des expériences dans la mode en tant que styliste photo, j’ai voulu acquérir des bases théoriques. J’ai fait deux masters, un en esthétique de l’Art et un en Design & Arts numériques. Parallèlement, j’ai multiplié les expériences autant en tant qu’artiste, journaliste et curatrice.
Comment vous est venue l’idée du Café Matinal ?
En 2010, j’avais lancé les romans-photos Vasistas, des auto-photos fictions basées sur mon quotidien. Le principe était le même que les séries TV, des saisons constituées d’épisodes visibles sur internet. J’ai édité un livre de la saison 1 qui avait été lancé à la librairie Yvon Lambert en 2011.
Le Café Matinal a surgi quelques années plus tard. Je considère chaque projet comme le résultat de divers éléments qui forment un tout à la manière d’un puzzle. Le principe de ces entretiens repose sur un style de vie commun à la plupart des créatifs, on se retrouve souvent dans des cafés, ce que j’appelle des bureaux mobiles et neutres. Je choisis les personnalités dont j’apprécie le travail, le parcours. Toutes ces personnes ont en commun de se donner les moyens quels que soient les sacrifices à faire pour aller au bout de leurs projets.
Avec le Café Matinal, vous parlez de roman photo 3.0 ?
Oui, clairement. Le roman-photo, souvent considéré comme désuet, correspond à notre époque. Intégrer le texte dans l’image favorise une double lecture immédiate. Nous sommes sans cesse sollicités visuellement et grâce au roman-photo, j’offre une optimisation des messages. Je m’inspire de ce genre tout en vivant pleinement l’ère d’internet, d’où le « 3.0 ».
Comment analysez-vous le pouvoir des mots dans nos sociétés et dans votre travail créatif ?
J’aime les mots, leur pouvoir de suggestion, les jeux que l’on peut faire avec. Selon moi, les mots ont un sens et je ne choisis rien au hasard. Je m’inspire autant des livres, des paroles de musiques, de slogans que des images au sens large. L’imagination fait le reste.
Parlez-nous de votre actualité et de vos projets à venir.
Le Café Matinal va avoir deux ans ! À côté, je suis également curatrice du projet Shelves pour lequel j’expose des œuvres sur une étagère de mon studio. Et je continue à réaliser des collages. Le point commun des diverses pratiques est ce désir d’assembler, créer du lien et du sens. N’est-ce pas là l’essence même de la création ?