« Made for Sharing » PARIS 2024 se choisit un slogan Kinder Bueno.
On nous avait annoncé un exploit. Une performance à la hauteur de semaines d’effort. Un slogan officiel pour attaquer la dernière ligne droite des villes candidates à l’organisation des JO de 2024. On allait voir ce qu’on allait voir. Car paraît-il, le précédent slogan, « Par amour des jeux », jugé trop français, nous aurait quasiment fait perdre les Jeux de 2012 à lui tout seul. Rien que ça. On mesurait mieux l’enjeu. Plus que la France donc, le monde entier s’apprêtait à applaudir la formule championne.
Sous nos yeux ébahis, le mont Olympe a accouché d’une souris, pardon, d’une sous-signature. Désolés pour le manque de patriotisme, mais « Made for sharing » se classe très loin du podium des meilleurs slogans. Passons sur le débat concernant le choix de l’anglais. Si on veut s’adresser à un public, en l’occurrence les membres du CIO majoritairement anglophones, autant parler leur langue. Soit. Fallait-il pour autant tomber dans un discours digne d’un mauvais directeur marketing de l’industrie agroalimentaire internationale ? Of course non ! Faits pour partager ? Mais partager quoi ? Un Coca-Cola ? Un Kinder Bueno ? On parle de l’événement le plus médiatique sur Terre, spontanément partagé par des centaines de milliers de spectateurs qui achètent un billet et des milliards qui allument leur télé. C’est ça l’idée ? Vous acceptez de partager les Jeux ? Et sinon quoi ? Vous alliez fermer les stades ? Passer du comité olympique au comité restreint ? Ce n’est quand même pas juste une vulgaire récupération du share dont on nous rabat les oreilles depuis plusieurs années ? Ni seulement une façon de dire que ces Jeux seront plus share car moins chers ? Si ? C’est tout ? Où est le magnifique combat ? La grandiose mission ? Quel mot d’ordre pour embarquer toute une organisation, un pays, une communauté de nations ?
On n’a pas de fond ? OK, forget it, don’t worry, on va tout casser sur la forme. Roulement de tambour. Et là, re-rien. Le néant absolu. Le degré zéro de la recherche verbale. L’absence totale de plaisir des mots. Le refus de toute complicité jubilatoire qui naît parfois entre un locuteur et son récepteur. Pas une référence au sport. Aux Jeux. À Paris. À la France. Pas plus d’élégance. De style. Pas de formule. Pas d’allitération. Même pas une petite rime facile. Notre déception nous a ramené en mémoire le slogan choisi lors de l’organisation des championnats du monde d’athlétisme en 2003 : « Rendez-vous compte. » À l’époque, la ville concernée était… Paris. Près de vingt ans plus tard, on aurait bien aimé rêver avec Pierre de Coubertin. Plus vite. Plus fort. Plus haut.